1) Ton parcours motard ?
J’ai commencé la moto avec une Honda CM 125 cc quand j’avais 30 ans. J’ai roulé 4 ans avec, à raison d’environ 2.000 km par an, souvent entre Rennes et la Côte d’Émeraude. J’étais enseignant et la moto permettait aussi à mes élèves de me voir autrement, plus proche d’eux, de leur monde. Avant tout, j’aimais beaucoup ce sentiment d’évasion et de liberté qu’elle me procurait. J’avais sans doute aussi besoin de sortir un peu des sentiers battus d’une vie professionnelle un peu trop tranquille. C’est pourquoi j’avais d’autres hobbies « à sensations ». Il faut reconnaître que c’était sans l’assentiment de mes proches, de mon épouse en particulier qui m’aurait préféré moins audacieux, plus rassurant ; pour elle, un motard, ça n’allait pas avec l’image du bon père de famille.
Alors quand l’un de mes étudiants a trouvé la mort en moto (il s’est fait couper la route par une 2 CV conduite par une religieuse dont la visibilité était gênée par sa coiffe à cornettes, ajouté à la jugulaire du casque non verrouillé…), cela a fait écho aux idées de ma femme. Nous venions d’avoir notre troisième enfant: avais-je le droit de prendre des risques pour ma vie quand mes enfants comptaient sur moi ? Raisonnable, j’ai raccroché le casque durant 25 ans.
Mais le virus était en sommeil. Après le mariage de ma dernière fille et l’heure de la retraite arrivée, ne pouvais-je à présent m’octroyer le droit de reprendre la moto ? Motard un jour, motard toujours ?! C’est bien le moment ou jamais de ressentir à nouveau ce frisson de liberté, non ?!
Il y a 3 ans, après moult réflexions, je suis parti à Clermont-Ferrand et c’est sous de la neige fondue que j’ai essayé un 125 Shadow. J’ai été conquis tout de suite, le nez au vent, le sourire ne me quittait pas malgré une météo pour le moins rafraîchissante. Je l’ai ramené chez moi, j’étais fou de joie : une nouvelle aventure commençait. Bien que mon permis voiture me permettait de partir directement sur cette 125, je sentais qu’il ne me restait rien de mes années de pratique 125, elles remontaient à 25 ans en arrière. J’ai donc pris l’initiative de faire les heures de formation initiale 125 : absolument nécessaire à mes yeux, mais encore insuffisant pour une parfaite maîtrise. Si pour beaucoup de personnes, la pratique moto est un loisir dangereux par définition et donc déraisonnable, qu’on ne s’y trompe pas, je n’ai jamais eu l’intention de me mettre en danger. Contrairement aux idées reçues, le motard n’est pas un trompe-la-mort qui aime la moto par goût du risque, en tout cas pas moi !
A la CASIM33, sur piste fermée, j’ai eu l’occasion d’essayer quelques gros cubes et de me rendre compte que ce n’était pas si impressionnant que ça par rapport à ma «petite 125». Et même, j’ai commencé à me demander si la 125 n’était finalement pas plus piégeuse que le gros cube, pas forcément plus raisonnable que le gros cube… au contraire même ?!
Grâce aux nombreuses choses que j’ ai apprises à la CASIM je me suis dit que le «vrai» permis serait peut être à ma portée. A 65 ans, je reconnais que c’était aussi un défi. Le relever était pour moi une source de fierté personnelle. Mais aussi une façon de montrer à nos encadrants que leur dévouement à nos côtés, leur patience, leur enseignement n’étaient pas vains. L’ancien professeur que je suis connaît la valeur de la réussite d’un apprentissage, d’un examen de son élève (ou stagiaire). Quel meilleur moyen de valider la qualité de leur enseignement ? Mon permis gros cube, je le dois en partie à la CASIM 33, ça ne fait aucun doute pour moi. C’était le 9 janvier 2015.
J’ai eu un premier CrossRunner de 2011 : une enclume ! J’avais essayé la dernière version, mais alléché par une super offre, je me suis laissé convaincre, à tort, que la 2011 était identique. Je me suis acharné avec cette machine durant 7 mois, durant 7.500 km. Sur route à vitesse normale, elle était très bien, très stable, confortable. Mais après 8 ou 10 chutes, toujours à très basse vitesse (une catastrophe !), les encadrants m’ont encouragé à changer de machine.
Comme ils avaient raison ! J’ai à présent un CrossRunner 800, mais de 2015 et c’est le jour et la nuit avec la précédente. Elle n’est pas du tout équilibrée de la même manière et à présent, c’est plutôt de moi qu’il faut que je me méfie : « pas d’excès de confiance », me mettent en garde mes amis CASIMirs !
Des difficultés ? Comme me l’avait prédit Fabien, repasser le code pour le permis devait être le plus difficile. Même le plateau m’a semblé presque une formalité, indubitablement grâce à mon année de CASIM auparavant !
Ma plus grosse frayeur ? Sur l’autoroute, quand une voiture prend une bretelle de sortie, puis change d’avis et amorce de rentrer sur l’autoroute, quitte à me percuter ! Je suis dans son angle mort. Un coup de klaxon l’avertit de ma présence. Elle se ravise et fait un freinage d’urgence pour m’éviter le pire. Ouf, c’était moins une ! Comme quoi il faut rester sans cesse vigilant !
Mon plus long trajet m’a mené jusqu’en Bretagne, mais celui qui m’a le plus marqué et le plus plu, c’est une balade CASIM à Brouage : des virages et des paysages… un pur bonheur !
Dans mes fantasmes les plus fous, je vais en Corse en moto, mais j’imagine mal la faisabilité car au delà de 230 kilomètres par jour, la fatigue est intense. Combien de temps me faudrait-il seulement pour rallier cette île?
2) Pourquoi es-tu venu à la Casim ?
Avant de me sentir prêt à reprendre un 125, j’écume toutes les encyclopédies traitant du sujet sur le net et je découvre un site qui devient ma bible: Passion Moto Sécurité.
Sans conteste, voilà un site ultra-complet, parfaitement rédigé et mis à jour très régulièrement. Parmi les nombreuses informations que j’y trouve, on y parle de la CASIM. Après ma formation initiale 125, je me dis que cette association pourrait m’aider. Quand je découvre que non seulement, il y en a une en Gironde et qu’en plus elle est fondée par le rédacteur lui-même de « ma bible », Fabien Lecoutre, aucun doute possible, il faut que j’y obtienne une place de stagiaire. J’ai donc eu la chance d’intégrer la CASIM 33 dès novembre 2013.
J’ai tout de suite été conquis par l’esprit de cette association, pleine de gens si différents mais, comme moi, pas des « têtes brûlées ». J’ai été tellement bien accueilli ! La patience et le dévouement des encadrants m’ont impressionné. Un enseignement de grande qualité, à l’image du site de Fabien : je n’ai pas été déçu !
3) Que t’a-t-elle apporté ?
D’abord de l’écoute. Mais aussi des principes pédagogiques sagement dispensés. Le retour d’expérience de chacun, enrichi des ateliers pointus. Échanger sur notre passion commune. Et une ambiance toujours chaleureuse ou chacun accepte la diversité, les qualités et les défauts de l’autre. L’abnégation hors du commun de ces hommes et ces femmes qui donnent leur temps et leur énergie pour aider les stagiaires force mon respect.
4) Pourquoi te réinscrire ?
D’abord j’ai le plaisir de revenir, retrouver cette ambiance, les frères et sœurs de guidon. Mais aussi parce qu’il faut bien plus d’une année pour apprendre tout ce qui nous est utile. Parce que la pratique moto nécessite un apprentissage continu. Ça nous rappelle les limites à ne pas dépasser.