1. Ton parcours motard ?
J’ai passé mon permis en 2001 dans un but utilitaire, pour me déplacer dans Paris, mais rapidement j’y ai vu l’intérêt pour le voyage.
Seul motard dans ma famille, j’y suis venu assez tard, à 25 ans. Je suis passé du VTT au 600 cc et ça n’a pas été simple. Je dis souvent que je suis un ancien gros mauvais.
J’ai mis plus d’un an pour obtenir mon permis, raté le plateau plusieurs fois ainsi que la circulation une fois (je ne roulais pas assez vite, d’après l’inspecteur). J’ai mis du temps pour comprendre le fonctionnement de la boîte de vitesses… c’était pas gagné ! Par contre, contrairement aux autres, le parcours lent ne me posait pas de souci. Je péchais au parcours rapide, notamment à cause du demi-tour.
Finalement, après avoir dû repasser le code, j’obtiens mon permis A en 2002.
Ma première moto a été une Honda NTV 650 Deauville (250 kg pour 54 ch): pour débuter, c’était bien car elle me limitait d’emblée. Mais c’était une bonne moto tout de même grâce à une bonne partie-cycle, très agile.
Mes débuts à moto sont allés de pair avec la découverte du web motard. A l’époque, j’étais journaliste informatique, les forums tels qu’on les connaît aujourd’hui n’existaient pas. J’étais donc actif sur les « newsgroups » et notamment sur FRM (fr.rec.moto) sur les conseils d’un copain motard et informaticien. J’y étais surnommé « Tupperware », rapport à ma Honda en plastique.
C’est grâce à ce groupe que j’ai découvert le roulage en groupe et bien d’autres choses encore. C’est aussi grâce à FRM que j’ai effectué mon premier tour de France au printemps 2002, bénéficiant de l’hospitalité des autres membres, des rencontres riches en partage. Après trois mois de permis, j’ai parcouru environ 4.500 km en 15 jours, y compris une première fois dans les Pyrénées… sur la neige. J’ai parcouru en tout 20.000 km avec cette machine, il était temps de passer à une moto de grand tourisme, vu que la moto est très vite devenue une passion.
En juillet 2002, ma deuxième machine a été une BMW R850RT. Une moto prête à voyager avec armes, bagages et passagère éventuellement. Je l’ai gardée un peu plus de trois ans, revendue avec 115.000 km dont 48.000 sur la première année. A l’été 2002, je sympathise avec un ancien militaire qui a beaucoup bourlingué à moto (du genre porteur d’eau dans le Paris-Dakar et autres réjouissances). Il me prend sous son aile et me parraine pour entrer au club moto de l’école de gendarmerie, sur les terrains du Centre National de Formation Motocycliste.
On y pratique surtout de l’enduro dans les terrains sablonneux de la forêt de Fontainebleau, mais aussi sur les pistes d’entraînement technique du CNFM. On nous prête d’anciennes motos d’entraînement qu’il faut retaper avant de passer à la pratique. La première année, nous avions des R65/6 (des motos des années 1970) puis des R65GS, plus adaptées.
En janvier 2003, je pars au Maroc, en passant par la concentration hivernale des Pinguinos à Valladolid.
Au printemps 2004, après le rassemblement national annuel des RT en Bretagne, je fais un tour de l’Irlande et de l’Écosse.
En 2005, petite pause moto parce que je pars quelques temps aux Etats-Unis.
Quand je reviens, je suis toujours avec ma RT, mais je la gratifie d’une peinture façon « California Highway Patrol », blanche et noire. Quelques temps plus tard, je la revends.
Pour les 25 ans du lancement de la GS, BMW lance une série limitée de 40 machines en France, sur base de la R1150GS Adventure. Je tombe sous son charme au Mondial de la Moto 2005, Avec insistance en tant que journaliste moto, j’obtiens la 39e de la série. Je lui ai fait honneur durant cinq ans et 155.000 km. En 2006, elle m’a emmené faire le tour de la mer Baltique, sur 12.000 km en 22 jours.
En 2007, je commence à faire des guides touristiques motards pour « Le Petit Futé », puis pour Michelin avec les guides « Virées moto en France », en partenariat avec BMW.
A partir de 2006, j’essaie de combiner mes deux passions, le journalisme et la moto. Je fais des reportages moto, des essais d’équipements du motard et de la moto, des conseils de conduite… Sensibilisé par mes sœurs (passagères) et une copine motarde à leur point de vue sur ce monde, j’ai été le premier à couvrir l’actualité féminine de la moto, ma chronique s’appelait «La moto avec des Elles».
A l’été 2010, je réalise le guide « Les Alpes à moto » : trois semaines et 10.000 km de reconnaissances à travers la France, la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, avec une R1200GS Adventure avec moteur DOHC, fournie par BMW.
Du coup, en novembre 2010, je prends la même en version 30e anniversaire : je l’ai toujours, avec 195.000 km au compteur.
Été 2011, j’arrive en Gironde et j’achète une Honda CBR 1000 F de 1993, 10.000 km en un an, nickel pour les trajets maison-boulot, soit 40 km de lignes droites.
Fin 2012, je démarre mon activité Passion Moto Formation.
Fin 2014, j’achète d’occasion une R1150RT réformée de la gendarmerie qui me sert pour mes trajets professionnels.
Et cet été 2016, ma nouvelle moto est à nouveau une RT bleue, dernier modèle, ma première moto neuve depuis 2010.
Des mésaventures? Bien sûr et chacune d’elle m’a appris quelque chose.
C’est avec la Deauville que j’ai eu mon premier accident. Premier jour où je la prends, je vais sur un parking pour la prendre en main, un freinage de l’avant trop appuyé m’a précipité par terre. J’avais bien des coques, mais c’était les débuts de ces protections et elles n’étaient pas aussi performantes qu’aujourd’hui. J’en ai été quitte avec une douleur à l’épaule pendant six mois et ça m’a bien calmé pour 100.000 km. Une moto avec ABS devient mon objectif.
En 2004 avec la 850RT, à la sortie du périph’, je roule un peu trop près et pas assez décalé de la voiture devant moi quand elle pile sans prévenir. Je fais un joli évitement, je ne touche que légèrement la voiture à hauteur de son optique arrière, mais finalement je perds le contrôle et fais un beau roulé-boulé. Comme j’étais en jeans, mon genou râpé m’enseigne qu’il faut toujours avoir des coques de protection aux genoux aussi.
En 2007, je pars en balade dans le Vexin avec la R1150GSA, équipée d’un amortisseur neuf, réglé pour l’autoroute. Sur une route bien abîmée, la moto rebondit dans un virage, je décide de la redresser en partant dans une allée. Au freinage, l’ABS se déclenche sur les gravillons et je finis dans un portail. Grâce à mon équipement complet, je m’en sors sans un hématome. Par contre, la moto se retrouve avec la roue avant reculée de 30 cm et le guidon en biais.
Fin 2008, de nuit, dans un petit virage à 50 km/h, je rencontre une flaque de gazole qui nous envoie au tapis : le retour de guidon dans la main me cause une entorse du pouce qui sera ma plus grosse blessure… sur route. Là encore, l’équipement intégral et la vitesse modérée me portent chance.
C’est le seul accident qui m’ait laissé pendant plusieurs mois la sensation désagréable de ne pas avoir confiance dans mes pneus. Sans doute parce que c’est le seul où je n’ai pu modifier ma conduite pour m’assurer que ça ne se reproduise pas…
Quelques mois plus tard à Cannes, ébloui par le soleil couchant quand un feu passe à l’orange, le conducteur de la voiture devant moi pile brutalement. Évitement, mais ma valise attrape son pare-choc et je me retrouve par terre. Sans blessure ni casse, mais je ne pars plus jamais du principe qu’une voiture passera à l’orange et je fais attention à mes distances de sécurité!
A l’été 2013, sur le plateau d’école, je tombe avec un scooter lors d’un cours moto que j’anime. Le stagiaire passager me tombe dessus: une clavicule cassée ! C’était une des rares fois où je ne portais pas de blouson moto.
Fin 2014, lors d’une intervention mécanique, le garage monte une pièce non conforme sur ma moto et le mécano omet de me préciser que l’ABS est désactivé. Le lendemain, je freine pour m’arrêter et porter secours à un motard arrêté en warnings sur la BAU. Freinage sur l’angle pourtant modéré sur un raccord de bitume mouillé : blocage de roue et gamelle. Pas de blessure grâce aux protections de genou et de hanche.
A part ça, quelques chutes à l’arrêt, comme cette fois où la moto a dé-béquillé toute seule de la béquille centrale quand j’ai enlevé une valise.
Mes prochains rêves de voyage…
Faire Paris-Vladivostok, la traversée du continent eurasien.
J’aimerais aussi aller de Singapour à Hanoï avec des motos locales.
Autres destinations : l’Islande, la Nouvelle Zélande, la Patagonie (la Terre de Feu)… mais aussi retourner en Irlande, en Écosse et surtout en Norvège, mon plus gros coup de cœur avec le Tyrol autrichien et les Dolomites.
2. Pourquoi es-tu venu à la Casim ?
Dès mes débuts, j’ai vite pris conscience qu’en sortant du permis, il me restait encore beaucoup à apprendre. J’ai eu la chance de rencontrer des motards qui ont été comme des « grands frères » pour moi. Au CNFM, j’ai aussi constaté les bienfaits d’un entraînement régulier, pour moi comme pour les instructeurs que je voyais s’entraîner.
J’ai gagné mon premier stage de perfectionnement grâce à une association motarde francilienne qui organisait un rallye… où je suis arrivé avant-dernier parce que j’étais celui qui avait commis le plus gros excès de vitesse ! Ce premier stage au centre de conduite en sécurité BMW m’a plu, j’en ai suivi un second à mes frais et d’autres encore.
Avant même de devenir formateur, j’encadrais en amateur des cours individuels pour des motardes et motards qui en avaient besoin. J’aimais me rendre utile, mais je me disais qu’il serait bon d’avoir un cadre juridique plus sécurisé.
J’avais entendu parler de la CASIM lors de mes recherches sur le web pour un article sur les différentes formations de perfectionnement moto sur mon site web « Passion Moto Sécurité ». Je trouvais très intéressant le concept de motards guidés par d’autres motards plus chevronnés, ça correspondait exactement à ma philosophie.
Mon objectif était surtout de rendre service, d’améliorer la sécurité des motards.
J’allais bientôt devenir formateur moto professionnel, ce qui me permettait d’enseigner sans devoir passer le CAMABC. Alors je me suis rendu à l’Inter-CASIM en 2008 et peu de temps après, avec quelques copains, j’ai fondé la Casim 75 qui a commencé ses activités en 2009. Elle a tout de suite rencontré un vif succès et plus tard, elle a été scindée en deux pour donner les Casim 77 et 78.
3. Que t’a-t-elle apportée ?
Humainement d’abord, elle m’a apporté plein de copains. Mais aussi beaucoup d’échanges, de partage et de confirmation de connaissances.
De pouvoir maintenir mon propre niveau de maîtrise grâce aux entraînements et démonstrations régulières.
Elle m’a permis aussi d’affiner certaines compétences pédagogiques, de développer des techniques d’enseignement de groupe.
Mes deux expériences d’une part du perfectionnement à la CASIM et de la formation initiale en tant que moniteur d’autre part, s’alimentent l’une l’autre. Il m’est plus facile de comprendre d’où viennent les difficultés des stagiaires en perfectionnement et donc comment améliorer la formation initiale pour éviter ces difficultés plus tard.
Sans rapport commercial, sans enjeu financier, le climat humain est plus détendu lors de ces journées. J’y suis moi-même plus détendu, la CASIM m’a permis de m’épanouir dans mon rôle de formateur. Alors que je suis d’un naturel plutôt réservé, elle m’a permis de m’affirmer, prendre de l’assurance en tant que personne.
Si demain je pouvais arrêter de travailler, je voudrais continuer d’être formateur bénévole.
4. Pourquoi te réinscrire ?
En arrivant en Gironde, je me suis demandé si je devais repartir dans l’aventure de monter à nouveau une CASIM parce que je savais que ça allait me demander beaucoup d’énergie. J’ai décidé de tenter de nouveau, mais seulement à la condition de ne pas rester seul, d’être entouré d’une équipe.
Et j’ai pu réunir cette équipe, avec notamment Franck, un motard très investi au niveau local, et Charles, l’actuel président. Mon hésitation a bien vite été balayée par la force du collectif.
A présent que l’association est pérennisée, je prends du recul et j’accorde plus de temps à mon entreprise.
5. Pourquoi t’investir dans cette asso ?
Parce que j’y crois !
Former des motards par des motards, par des bénévoles motivés et compétents, c’est justement la spécificité de cette association par rapport à d’autres groupes motards.
Je voudrais souligner l’importance du rôle de tous les administrateurs, de tous les bénévoles d’une CASIM. Les formateurs et encadrants évidemment, mais aussi tous les autres sans qui l’association ne serait pas ce qu’elle est : au-delà de la formation,
ce sont des valeurs, une superbe ambiance grâce à un groupe qui s’est formé, se renouvelle, s’enrichit chaque année autour d’un noyau dur, des piliers qui font de nos journées des moments de cordialité et de chaleur humaine.
Enfin, comme je suis perfectionniste, que j’ai besoin d’être fier de ce que je fais, l’entraînement, le perfectionnement vont de soi pour toujours faire mieux. Dès le début de ma pratique moto, j’avais besoin de me sentir maître de ma machine.
Pourtant je suis parti de zéro à moto, je ne suis pas né au guidon. Je suis l’exemple que, sans être doué ou sportif, à force de travail, de volonté et surtout d’exercice, on peut atteindre un niveau acceptable… à mes yeux.
Si j’ai pu le faire, tout le monde peut y arriver et c’est pour ça que je crois beaucoup en la CASIM et le perfectionnement en général, pour partager ce message!